Aix-en-Provence : Cheminer ensemble
Depuis un an et demi, le Secours Catholique d’Aix-en-Provence propose aux personnes qu’il accompagne une marche spirituelle mensuelle. Dans un décor naturel propre au ressourcement, le parcours d’une poignée de kilomètres se prête à deux ou trois haltes pour écouter un texte biblique. Ce mois-ci, une vingtaine de personnes ont longé la Côte bleue entre Sainte-Croix et La Couronne, à l’ouest de Marseille.
« Je n’ai pas besoin d’entrer dans une église pour partager ma foi », explique Jean-Baptiste, 55 ans, un habitué du Secours Catholique d’Aix-en-Provence. Cet ancien judoka originaire des Antilles françaises vit en Provence depuis 25 ans et a conservé son physique de sportif. Pour lui, les cinq kilomètres de marche en bord de mer en cette veille des Rameaux est tout juste une promenade de santé, mais dit-il, « l’important est de marcher au grand air et de passer un bon moment avec d’autres. »
Une vingtaine de personnes se retrouvent vers 9 heures sur le parking désert de la plage de Sainte-Croix que surplombe la chapelle éponyme. Les uns ont voyagé depuis Aix, les autres sont venus en voisin de Sausset-les-Pins ou de Carry-le-Rouet à l’invitation des équipes du Secours Catholique local. Le soleil, lui aussi au rendez-vous, agrémente la randonnée d’une douceur printanière.
Dominique et Jeanine sont deux retraitées du coin. Elles connaissent bien l’endroit. Dominique a emmené son chien Ficelle, un cocker d’une douzaine d’années qui alterne bains de mer et slaloms entre les jambes des randonneurs qui viennent de s’arrêter pour une première pause.
Pascale, bénévole depuis 28 ans à Aix-en-Provence et co-initiatrice de ces marches spirituelles, se place au centre du groupe et évoque l’antiquité. Elle relate cette « histoire » qui a traversé les siècles.
Celle d’une barque chargée de migrants débarqués ici en quête d’eau potable et qui interrogent le premier autochtone venu : « un sourd-muet qui finit par les comprendre et leur indique une source d’eau pure. Pour le remercier, ces voyageurs le guérissent de sa double infirmité. » Un texte qui ne manque pas de questionner les marcheurs sur l’usage des sens et leur rapport aux autres.
J’ai pris trois jours de congés pour pouvoir marcher au bord de la mer avec vous.
La marche reprend et la file des randonneurs s’étire au-dessus des aplombs rocheux. Marie, bénévole en charge du numérique, parle de son projet pour combattre l’illectronisme local. Nadine explique à son voisin que Mimet, où elle habite, est le village le plus haut des Bouches-du-Rhône.
« J’ai pris trois jours de congés pour pouvoir marcher au bord de la mer avec vous. Parce que le côté spirituel est important pour moi, ajoute-t-elle. La pratique de la foi me conforte dans mes actions. Je fais aussi de l’accompagnement spirituel et pour moi, il est important de participer à une activité en commun, c’est tellement agréable. »
Le groupe passe devant un camping réputé pour héberger une célèbre série télévisée, Camping Paradis, qui fait l’objet de discussions pendant quelques minutes, le temps d’aboutir sur une autre plage, la plage de la Couronne, où malgré la saison quelques personnes se baignent.
Pascale reprend la parole pour lire un texte de l’Évangile en rapport avec le calendrier : l’entrée messianique de Jésus dans Jérusalem, assis sur un ânon. Passage qui suscite un échange de remarques et d’observations.
Tout est propre ici à la méditation, à la réflexion, à cheminer ensemble.
Martha et son mari viennent d’Aix où ils vivent depuis deux ans qu’ils sont à la retraite. « Après avoir été vaccinée, dit Martha, j’ai fait une thrombose et là je recommence à marcher tout doucement. Quand mon mari m’a proposé de participer à cette marche, j’ai hésité. Mais comme il a précisé que c’était une marche spirituelle, j’ai accepté. »
« Sur ce sentier de bord de mer, nous sommes en communion, spirituellement, physiquement. Cet air, ce vent doux, ce soleil, cette lumière. Tout est propre ici à la méditation, à la réflexion, à cheminer ensemble. C’est un parcours spirituel très fort. » Martha, qui peint de magnifiques aquarelles mêlant flore et faune dans une pure tradition d’aquarelles japonaises, savoure la nature qui l’entoure.
Vers midi, retour à la case départ avec halte à la chapelle de Sainte-Croix qui date du XVIIe siècle et qui est venue remplacer une chapelle du XIIe siècle dont on aperçoit encore les vestiges à quelques mètres d’elle. Le père Thierry, averti par les bénévoles du Secours Catholique de Sausset, attend les randonneurs et les accueille dans cette petite église dont le magnifique vitrail qui l’éclaire se superpose aux vagues de la mer en contrebas.
La randonnée se termine par un pique-nique pris en commun sur l’herbe autour de l’église avec, en toile de fond, le bleu de la mer et du ciel qui se confond.