État de la pauvreté en France et dans notre délégation
Le Secours Catholique a publié son rapport statistique annuel sur l’état de la pauvreté en France. Ses chiffres illustrent la dégradation des revenus des ménages et les choix impossibles auxquels ils sont confrontés quotidiennement.
Les équipes du Secours Catholique d'Aix/Arles engagées sur le terrain réagissent et font le point.
Aujourd’hui, en France, des personnes disposent de 2 à 9 euros par jour, au mieux, pour se nourrir ou s’habiller une fois réglées leurs dépenses contraintes, comme celles liées au logement. Chaque jour, des familles doivent faire des choix impossibles : payer la cantine ou la facture d’énergie. Chaque jour, par manque de moyens, des parents doivent dire « non » à leurs enfants quand ceux-ci veulent pratiquer un sport ou participer à l’anniversaire d’un camarade de classe. C’est cette réalité que décrit la nouvelle édition du rapport statistique du Secours Catholique sur l’état de la pauvreté en France. Tous les ans, le Secours Catholique-Caritas France présente les contours d’une pauvreté multiple et complexe qui caractérise l’exclusion aujourd’hui. Cette analyse statistique est menée grâce aux données recueillies par les bénévoles des 72 délégations. En 2019, 64 300 bénévoles répartis dans près de 3 500 équipes ont accompagné 1 393 000 personnes.
Le Secours Catholique Caritas-France appelle l’ensemble de la société à changer son regard sur les plus pauvres, d’ici comme d’ailleurs. Partout, des élans de solidarité viennent pallier aux déficiences des Pouvoirs publics. Le Secours Catholique plaide ainsi pour la mise en place d’un revenu minimum garanti inconditionnel, qui constituerait un filet de sécurité à tous.
En 2019, 12 000 personnes ont été accueillies par les 35 équipes réparties dans le territoire de la délégation d’Aix-en-Provence, elle-même constituée de 670 bénévoles et de 7 salariés. L’aide alimentaire apportée répond à 61 % des demandes, toujours plus que la moyenne nationale (50 %). Pour ceux qui ont quelques ressources, leur budget est grevé à hauteur de 35 % par les dépenses de loyer, de factures d’énergie, d’eau, de crédits immobiliers ou autres. À cela s’ajoutent 9 % de frais de mobilité (voiture, transports).
Augmentation des demandes d'aide alimentaire
Hubert, bénévole à Aix décrit les situations qu'il rencontre : « Jusqu’en 2018, à Aix, on recevait en moyenne une dizaine de demandes alimentaires et financières par semaine. On a vu croître régulièrement les demandes en 2019 pour arriver à une moyenne mensuelle d’une quinzaine de dossiers par semaine, jusqu’à la survenance de l’épidémie du Covid 19. Pendant le confinement, nous avons ouvert une plate-forme téléphonique pour traiter en urgence essentiellement les demandes d’aides alimentaires, sous forme de bons d’achats distribués par des étudiants volontaires disponibles. »
54% des personnes accueillies ont entre 25 et 49 ans
La délégation accueillent des mères seules, 30 % plus nombreuses que la moyenne nationale, des hommes seuls : 24 %, des femmes seules : 20 %, (chiffre en augmentation de 5 %), des couples avec enfants un peu moins nombreux (-7%). Viennent à elle, un peu plus rarement, des couples sans enfant : 4,5% et des pères seuls : 4%.
Jacqueline, bénévole engagée à Miramas s'alarme : « Pour la première fois, nous avons reçu des hommes sans domicile sollicitant l’accès aux douches. Aussi, nous avons accueilli, en plus grand nombre, des personnes âgées, honteuses de leur démarche. Cette situation nous inquiète … ».
Bien qu’en légère baisse, le pourcentage des personnes de plus de 50 ans représentent 41% des personnes accueillies (alors que la moyenne nationale est de 30%). La tranche d’âge 25–49 ans représente 54 %.
« L’année dernière, j’ai été frappée par le nombre plus important de personnes sans domicile fixe. Pour la première fois, je me suis trouvée sans solution, même pour une nuit. Une femme seule était dans le froid et sous la pluie sans aucun endroit pour dormir. En dernier recours, les responsables chez Decathlon ont fait don d'une tente. Ce qui m’a permis de la mettre à l’abri », témoigne Christiane, bénévole à Sénas.
Pour la première fois, nous avons reçu des hommes sans domicile sollicitant l’accès aux douches. Nous avons aussi accueilli des personnes âgées, en plus grand nombre, honteuses de leur démarche.