La précarité alimentaire en forte hausse
Le rapport annuel du Secours Catholique sur l’état de la pauvreté en France présente un constat accablant sur les situations de précarité, en particulier alimentaire. Dans la délégation d’Aix/Arles, l’aide alimentaire est la première demande d’aide exprimée en 2020 par les ménages auprès des équipes de l’accueil, en forte hausse par rapport à 2019.
Cette année la sortie du rapport du Secours Catholique, Faim de dignité, suit de quelques semaines la présentation d’un document publié par le collectif Alerte PACA, sur l’aggravation de l’ultra-précarité dans notre région. Les statistiques du Secours Catholique enfoncent, tristement, le clou.
Elles viennent aussi confirmer, dans la délégation Aix/Arles, une tendance amorcée depuis plusieurs années. La demande d’aide alimentaire continue, en effet, d’être la première demande d’aide exprimée par les personnes accueillies. Ce type de demande avait déjà augmenté de façon significative entre 2015 et 2019 (+18.1.%). La pandémie a servi d’accélérateur en 2020: + 19.4 % soit, 73,2% des demandes d’aide toutes confondues.
A Tarascon, ces chiffres reflètent bien la réalité vécue par les bénévoles. « En 2020 on a vu le nombre de bénéficiaires doubler, explique Marie, la responsable, qui confirme « que la demande d’aide alimentaire d’urgence déclenche très souvent la première rencontre ». Elle précise toutefois que l’écoute – première demande d’aide dans les statistiques nationales, a pris une place centrale dans le dispositif de l’équipe. « On a mis en place des créneaux horaires dédiés uniquement à l’écoute car on s’est rendu compte qu’il y avait un besoin réel qu’on ne parvenait pas à combler en recevant les gens pour traiter des urgences ou suivre des dossiers. C'était frustrant. »
En 2020 Le revenu médian des bénéficiaires de la délégation d’Aix/Arles était de 473 euros mensuel alors que le seuil de pauvreté était de 1102 euros/mois. 22% n’avait aucun revenu, un pourcentage en forte de hausse (10% en 2019).
Dans la délégation Aix/Arles ce sont les mères isolées qui représentent la part la plus importante des personnes reçues (30.8%). La proportion des personnes étrangères rencontrées a augmenté significativement en 2020. En effet 81.3% des bénéficiaires du Secours Catholique étaient de nationalité française en 2019 contre 66.2% un an plus tard.
Des colis alimentaires aux chèques-service
Pour les bénévoles du Secours Catholique, ces statistiques reflètent des vies fragiles, des situations dramatiques et complexes. Elles ont des visages. C’est N. mère isolée de deux enfants, sur le point de perdre son logement mais qui, grâce au soutien de toute une équipe remonte la pente financièrement et psychologiquement. C’est P., retraité qui vit dans sa voiture, domicilié au Secours Catholique et qui a résolu le problème de la nourriture « en fouillant dans les poubelles des supermarchés car on y trouve tout ce qu’il faut même si c'est périmé.» Ou encore Z. qui vient prendre régulièrement son café à l’accueil, très fiers de ses deux enfants suivis par l’accompagnement scolaire du Secours Catholique. Pour sa famille, « les chèques services, c’est un plus. Sans ça, on n’y arrive pas. »
En 2020 des chèques-service ont été distribués par les équipes de la délégation pour un montant total de 71 500 euros. Un dispositif s’inscrivant dans le cadre de l’accès digne à l’alimentation préconisé par le Secours Catholique. L'équipe ELSA, qui couvre notamment la commune d'Eyguières, note que durant cette période de transition du colis alimentaire au chèque-service, les bénéficiaires en ont été principalement des personnes sans domicile fixe, des familles monoparentales, les adultes isolés et des étrangers.
Cet important effort a été mis en place pour faire face à une situation d’urgence exceptionnelle mais déjà il est clair que l’insécurité alimentaire perdure en 2021.
«Peut-on continuer année après année à compter les pauvres, à regarder si le seuil de pauvreté baisse davantage qu'il ne monte, à tenter d'ajuster une aide financière qu'il faut sans cesse renouveler parce qu'on mange tous les jours, s’interroge Hélène Mayer, présidente du Secours Catholique Aix/Arles. Le problème de la pauvreté est structurel, il nécessite une réponse structurelle, pas des sparadraps. Elle rappelle que les élections approchant, « le Secours Catholique-Caritas France interpellera plus particulièrement les candidats avec des propositions qui, si elles demandent ténacité et courage des politiques, vont dans le sens de redonner concrètement aux personnes leur dignité: il s'agit de leur permettre de retrouver un niveau de vie décent. »
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Rapport statistique sur l'Etat de la pauvreté en France en 2021
Le Secours Catholique rappelle que la précarité alimentaire est liée à une unique constante : l'insuffiance et l'instabilité des ressources.