Les jeunes s’engagent (2) – Miah témoigne
Miah, bénévole engagée dans l’accueil au Secours Catholique d'Aix, est arrivée en France de Madagascar à 22 ans avec l’espoir d’un avenir meilleur. Le parcours a été bien plus difficile que prévu mais la jeune femme a trouvé, au sein de l'association, de l’écoute et du soutien qu’elle apporte désormais à son tour auprès des personnes accueillies.
Lorsque Miah se présente pour la première fois au Secours Catholique d'Aix, cela fait deux ans qu’elle vit en France. Fausses mains tendues, galères et mésaventures se sont succédé. Sans s’appesantir sur cette période noire, Miah aimerait que son témoignage serve d’avertissement à d’autres jeunes filles. « J’étais naïve et isolée. J’ai fait confiance à beaucoup de monde et j’ai dû faire face à des situations parfois dangereuses ou d’autres où je me faisais exploiter. Il faut vraiment rester en alerte. »
C’est une jeune femme épuisée physiquement et psychologiquement qui passe donc les portes de l’accueil. « Je me suis effondrée. Pendant deux ans j’avais affronté toutes ces situations seule et gardé le silence, se souvient-elle. Surtout, je ne disais rien à mes parents pour ne pas les inquiéter. » Elle poursuit : « Soudain, je me suis retrouvée face à des personnes bienveillantes qui étaient prêtes à me soutenir, et m’écoutaient sans porter de jugement. »
Les bénévoles se rendent vite compte que Miah, qui habite alors avec une famille malgache pour qui elle s’occupe des enfants, n’est pas traitée convenablement et on lui propose une solution d’hébergement pour retrouver un peu de liberté.
Le Secours Catholique l’aide aussi dans ses démarches administratives. La jeune femme, qui jusqu’ici n’avait ni ami, ni cercle social et qui ne connaissait pas ses droits reprend pied. « Je faisais déjà du bénévolat à Madagascar. J’ai commencé à m’engager avec le Secours Catholique à la réception et l'accueil. Cela me fait vraiment du bien. C’est un moyen de maintenir le lien social pour les personnes accueillies mais aussi pour moi. »
J’ai réalisé que, même avec son filet social, la France n’était pas l’eldorado. Il y a des gens qui souffrent, n’ont pas de logement et cherchent au jour le jour de quoi se nourrir.
Miah est également bénévole auprès d’une autre association qui distribue des repas aux sans-abris. Ces expériences lui ont permis aussi d’ajuster sa vision de la France, construite de Madagascar. « J’ai réalisé que, même avec son filet social, la France n’était pas l’eldorado. Il y a des gens qui souffrent, n’ont pas de logement et cherchent au jour le jour de quoi se nourrir. Du coup, j’ai arrêté de me plaindre », s’exclame-t-elle.
La jeune femme s’exprime dans un français parfait qu’elle a amélioré en travaillant pendant un an dans un centre d’appel. Actuellement elle suit une formation de secrétaire médicale en ligne et espère que la fin du confinement va lui permettre de trouver rapidement un emploi en parallèle. La situation sur son île, qui s’est aggravée avec la pandémie la préoccupe mais, aujourd’hui, il n’est plus question de tout abandonner. « J’y ai souvent pensé à des moments où j’étais moralement à bout », explique-t-elle avant de conclure avec un grand sourire : « Le Secours Catholique est devenue une seconde famille sur laquelle je peux compter et qui peut compter sur moi aussi. »