À Bouc-Bel-Air, un économiste donne du sens aux actions du Secours Catholique

À Bouc-Bel-Air, l’équipe du Secours Catholique a organisé une conférence sur le thème des Inégalités de revenus dans une perspective mondiale. Un thème particulièrement d’actualité en cette période électorale.

« Les inégalités sont une entrave à la bonne marche du monde », a résumé Luc Simula, professeur agrégé en sciences économiques et sociales, qui intervenait devant une trentaine de personnes, le 8 avril dernier. Luc Simula a d’abord planté le décor avec clarté :  « Les inégalités, nombreuses, se sont transformées du fait de la mondialisation, des échanges économiques plus nombreux, des mutations technologiques et de l’évolution de la nature du travail et des qualifications par exemple. »

Dans ce contexte de transformations, Luc Simula a pu présenter les différents types d’inégalités à l’aide de graphiques : internationales (entre pays), en interne (dans chaque pays) et au niveau mondial. Quelques chiffres chocs ont interpellé le public. En 20 ans (entre 1995 et 2014), la richesse mondiale s’est accrue de 60 % tandis que la population a augmenté de 30 %.  Entre 1980 et 2016, la richesse mondiale a doublé : « Les grands gagnants ont été les pays émergents ainsi que les 1 % des plus hauts revenus qui ont capté 27 % de la croissance », a souligné l’économiste qui s’inspire des thèses de l’économiste français Thomas Piketty.
« L’exigence d’équité au XXIème siècle apparait d’autant plus nécessaire que la mondialisation, le changement technologique et plus récemment la pandémie ont renforcé́ les inégalités internes dans les pays riches comme dans les pays pauvres. Toutes les dimensions de la crise révèlent la communauté́ de destin partagé par population mondiale. »

 Enfin, Luc Simula a terminé son intervention en ouvrant le débat: « Sans justice sociale, il n’y a pas d’avenir ».  

Quelles politiques pour vaincre la pauvreté ?

La conférence concluait une journée intense pour la quinzaine de bénévoles et salariés du Secours Catholique qui  avaient participé l’après-midi à un atelier-formation sur le concept de pauvreté mené par Luc Simula.

Quelles politiques redistributives, quelles politiques structurelles pour vaincre, ou au moins réduire, cette pauvreté multidimensionnelle ? Une réflexion très à propos en période électorale. En France en 2020 , selon les données d’ATD-Quart Monde et du Secours Catholique,« 4,2 millions de personnes (les bénéficiaires d’au moins un des dix minima sociaux) sont confrontées au risque de pauvreté́ absolue ou extrême, sans compter celles qui n’accèdent pas à ces minima ».
Un défi pour les bénévoles et salariés du Secours catholique qui accueillent , écoutent, accompagnent les personnes en situation de pauvreté et d’exclusion pour qu'elles « puissent comprendre les mécanismes qui leur donnent des droits », et retrouvent le pouvoir de vivre et d’agir.

« Si je devais refaire cette formation, a expliqué Luc Simula,  j'approfondirais le volet sociologique : les pauvres ne sont ni une classe, ni une catégorie. Ils regroupent un ensemble hétérogène d'individus ou de ménages, confrontés à la pauvreté (…). Face à cette hétérogénéité il faudrait un accueil "sur mesure" (comme pour les élèves en difficulté...). C’est un problème puisque les administrations offrent généralement des solutions standardisées. Mais l'action standardisée est déjà un progrès ! »