Premiers pas pour les bénévoles maraudeurs à Aix
La délégation du Secours Catholique Aix/Arles vient de mettre en place une équipe de bénévoles pour effectuer le samedi des maraudes, tournées dans le centre ville d’Aix-en-Provence, à la rencontre des plus démunis. Avec des thermos et des provisions dans les sacs mais aussi le souhait de créer un lien fraternel. Une façon pour la délégation de ne pas perdre le contact avec des personnes en situation précaire pendant la crise sanitaire. Samedi 28 novembre 2020 avait lieu la deuxième maraude. Récit, témoignages et photos.
Une bonne odeur de café envahit les locaux de la délégation ce samedi matin. Il est 9h30 et Pierre, animateur, est en train de préparer les boissons chaudes que l'équipe de bénévoles distribuera un peu plus tard lors de leur tournée de rue.
C’est la première année que la délégation d’Aix/Arles organise ces maraudes, une initiative née du constat, qu’avec les mesures de confinement, il est devenu plus difficile d’aider les personnes précaires sur les lieux d’accueil et donc impératif d’aller à leur rencontre. « Nous organisons ces maraudes le samedi matin car la Croix Rouge intervient en semaine, le soir, explique Pierre. Nous occupons un créneau complémentaire. »
Les membres du groupe qui s’apprêtent à partir pour leur deuxième maraude sont clairement ravis de se retrouver.
Pauline, Perrine et Marion viennent d’être recrutées comme bénévoles par la délégation. Trois jours s'étaient à peine écoulés après la première prise de contact, qu'elles arpentaient les rues d'Aix et offraient des cafés à des inconnus en grande difficulté tout en étant à leur écoute.
« Aller là où on a besoin de nous »
« J’ai lu que le Secours Catholique avait besoin de bénévoles, j’ai appelé le mercredi et le samedi j’étais ici ! » explique Perrine, 32 ans, conseillère en formation encore un peu sous le choc mais très heureuse « d'être au coeur d'une action qui a du sens ». Même sentiment pour Pauline qui se dit prête à « aller là où on a besoin de nous ». La jeune femme de 28 ans, chef de projet évènementiel, juge son expérience « enrichissante ». « J’y ai pensé toute la semaine », s’exclame-t-elle. « C’est vrai, renchérit Perrine. J’en ai parlé autour de moi toute la semaine aussi. J’avais hâte d’être à samedi pour retourner sur le terrain. »
Muriel, chercheuse de 46 ans, arrive à vélo et vient rejoindre le duo. Mère de quatre enfants, elle ne sait pas si elle pourra continuer à bloquer ses samedis mais espère trouver au Secours Catholique une autre forme d'engagement qui répondra à son « besoin d’action ».
Pour l'instant on termine les préparatifs. Le café est versé dans des thermos répartis dans les sacs et caddies. On ajoute des colis de nourriture longue conservation (un sachet de produits sucrés & un sachet de produits salés) sans oublier les carnets de bord qui vont documenter la maraude. Tout le monde enfile sa chasuble, met son masque. C’est parti.
J'ai parlé de ma première tournée toute la semaine... J'avais hâte d'être à samedi pour retourner sur le terrain.
La première maraude a permis de faire des repérages. La semaine précédente, les binômes ont couvert l’équivalent de vingt kilomètres. Cette fois, Pierre affine la stratégie : deux groupes sont formés avec deux points de ravitaillement à partir desquels des équipes volantes rayonnent.
Monique et Françoise, deux "vétérans" des services Accueil de la délégation, sont en charge, avec Muriel et l’autre Pierre de la bande, des quartiers autour de la gare routière. Pierre est aujourd’hui à la retraite et a contacté le Secours Catholique après avoir lu une annonce dans la presse locale. Il a intégré aussitôt les maraudes « Je ne savais pas à quoi m’attendre. On fait de belles rencontres. Il n’y a aucun misérabilisme. Et franchement, poursuit-il, cette expérience est bonne pour mon moral aussi ! »
Évaluer les situations et les besoins
Lionel , un bénévole très actif au Secours Catholique, Perrine, Pauline, et Pierre arrivent place de la Rotonde. L’atmosphère n’est pas comparable avec celle d’il y a huit jours quand la plupart des petits commerces étaient encore fermés pour cause de confinement. Aujourd’hui, les rues sont pleines. Le décalage entre l’animation du centre ville et la mission de repérer sur les pas-de-portes, des laissés-pour-compte, pourrait être démoralisante, mais les échanges sont chaleureux et la bonne humeur prévaut. Les boissons chaudes ainsi que la conversation sont appréciées, des masques aussi sont distribués. Avec quelques questions respectueuses, les bénévoles évaluent les situations et les besoins.
Lionel et Pauline poursuivent leur tournée pendant que Pierre et Perrine restent en arrière dans le secteur de la mairie. Ils sont tous vite à court de sucre, une denrée essentielle pour ceux qui vivent le jour, et parfois aussi la nuit, dans les rues.
Problèmes logistiques
Il y a quelques petits couacs. On a oublié les cuillères (Perrine a fait appel à la générosité d’un propriétaire de brasserie pour récupérer des touillettes.). On a besoin de plus de thermos… A la gare routière, il a été difficile d’établir un point de ravitaillement notamment à cause du fort passage et du vent.
Ces petits problèmes logistiques et météorologiques sont évoqués à midi, au moment du debriefing mené par Pierre, lorsque tous se retrouvent à la délégation. Les carnets de bord sont remplis. Ils vont permettre de réfléchir aux ajustements nécessaires pour la suite.
« A terme il faudrait mettre sur pied un groupe de vingt à trente personnes qui pourraient se relayer cet hiver et fonctionner de manière autonome », souligne Pierre. Il peut, en attendant, compter sur l’équipe pionnière qui rempile (presque) au complet pour la prochaine sortie.
On fait de belles rencontres. Il n'y a aucun misérabilisme. Et franchement cette expérience est bonne pour mon moral aussi !
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